Quel est votre angle pédagogique ?
J-P.K : « J’ai construit mon cours autour de la culture de la mode, qui manque encore à de nombreux étudiants. J’y aborde le vêtement tel qu’il est appréhendé dans toutes les civilisations, en partant des Égyptiens, jusqu’à l’époque contemporaine. Nous explorons ensemble la façon dont les codes du style, au XXe siècle notamment, ont pu mener à un langage de communauté. Nous voyageons dans l’histoire du costume, des réflexions de Monsieur Dior qui, en 1958, a créé une collection précisément inspirée par les Égyptiens, aux extrapolations de Galliano sur le même thème, puis Lagerfeld pour Chanel, à l’occasion de son défilé pour les Métiers d’Arts à New York en 2018. Nous étudions aussi toute la didactique des vêtements religieux, la naissance du col, l’avènement de la capuche. Il est question de technique et d’innovation, de Couture, et de Culture ».
Qu’avez-vous appris avec le temps que vous auriez eu besoin de savoir en débutant ?
J-P.K : « Tout ! Je ne savais rien. J’avais fait des études, mais je me suis formé en travaillant. Les enseignants nous donnent ce qu’ils peuvent, et on doit prendre le maximum de ce qu’ils nous offrent. Ensuite, on apprend en faisant. Pour moi, ça a été en observant Monsieur Saint-Laurent. En réalisant qu’un dessin n’est qu’une esquisse, et qu’un vêtement prend vie quand on le construit en volume et en matière ».
Qu’attendez-vous de la nouvelle génération ?
J-P.K : « De tout bousculer. Tout est à revoir. C’est pour ça que j’ai accepté cette mission. Le monde et le business de la mode doivent changer ».
Qu’est-ce que le fait d’enseigner vous apprend à vous ?
J-P.K : « À comprendre la nouvelle génération. Je vois à quel point ils sont intrigués par l’image avant le porter, par les couleurs avant le sens des couleurs, et combien ils sont à l’aise avec toute la dimension technologique de la création. Ils sont souvent très naïfs, mais très intéressés de partager leurs découvertes. Il y a beaucoup d’interactions au CAD, c’est comme une petite maison, avec le soutien et la franchise familiale, mais pas de compétition. Il y règne un esprit très positif ».