Comment voyez-vous évoluer cette toute jeune formation Mode au CAD ?
E.V : « Je suis toujours très impressionné de voir la façon dont les élèves développent leur travail avec Jean-Paul Knott : même au niveau des études, il faut faire preuve de créativité, avec au moins 30 % de portabilité dans les projets, pour trouver tout de suite, grâce à la technicité, un équilibre à adopter. Aujourd’hui, il n’y a guère plus de place que pour ceux qui rassemblent tous les critères. Après un stage, tout est potentiellement ouvert, il faut se tenir prêt ».
Quels conseils donneriez-vous à un jeune créateur de mode ?
E.V : « Analyser ce qui existe déjà sur le marché, réfléchir à ce qui manque, et préparer sa proposition très en amont. Il est intéressant de créer déjà des mini collections, même de trois pièces, pour se faire connaître via les réseaux sociaux. Ils sont nombreux à avoir démarré comme ça. Il y a beaucoup de jeunes créateurs sur le marché actuellement, donc il y a moins de place, mais les modes de fonctionnement peuvent potentiellement être simplifiés, notamment grâce à Internet. Il faut adapter son investissement et les risques à ses moyens, tout en exploitant tous les nouveaux potentiels du marché. La frontière entre les générations s’affine, on peut s’adresser à toutes les femmes, avec de moindres déclinaisons de collections. C’est un atout, qui permet de démarrer fort, tout en voyageant léger ».
Qu’est-ce qui a changé depuis que vous avez commencé votre carrière ?
E.V : « L’usage du vêtement, en général. On assiste à la quasi-disparition de la notion de génération, et à l’accessibilité à la mode par tous les moyens. Il y a aussi le développement exponentiel des webshops, qui permet un accès potentiel de chacun à tous les niveaux de création. À nous, dans des Maisons comme Natan, de nous distinguer aussi par le service, pour marquer une différence ».
A quoi les créateurs émergeants doivent-ils être vigilant ?
E.V : « Il est nécessaire d’apporter une proposition différente, et d’être capable de la présenter avec pertinence. Affûter son l’idée, sa philosophie, l’identité globale de sa création. Il ne faut pas oublier que la séduction d’une marque arrive au consommateur avant le vêtement même. C’est le prérequis à l’achat. Il faut harmoniser son concept à son image, et ne jamais oublier de se distinguer ».